Le rouge et le noir dans les garrigues
Ils n'ont aucun respect pour leur groupe, les Hétérocères (dits "papillons de nuit") car c'est bien le jour que les Zygènes sont actives et sirotent le nectar des fleurs de thym dans une garrigue fleurie de l'Ardèche. La famille des Zygaenidés est reconnaissable au premier coup d'oeil à ses contrastes entre le fond noir métallique et des taches rouge vif qui sont un sévère avertissement pour des prédateurs éventuels. Différencier les espèces est un peu plus compliqué mais la Zygène de la Badasse (Zygaena lavandulae) possède un petit collier cendré au niveau de son thorax. Associée à une plante, la Badasse (Dorycnium pentaphyllum) caractéristique des pelouses sèches méridionales, on ne la trouve que dans ce type d'environnements. Ainsi cette relation forte entre le papillon et la plante nourricière de ses chenilles permet-elle au naturaliste de prédire grossièrement l'identité des espèces qu'il a de bonnes chances de croiser en fonction des plantes qu'il aura pu déterminer sur un site. L'inverse est aussi vrai à ceci près que les papillons se déplacent et ne sont pas forcément rencontrés sur leur lieu de naissance. Encore un petit point sur les garrigues, environnements d'une diversité floristique exceptionnelle (on ne peut que s'émerveiller devant tant de couleurs, d'odeurs...et d'épines !), également associés à une entomofaune aussi riche que chatoyante : elles sont en grande partie dues à l'activité humaine, notamment le pastoralisme qui permet de maintenir des milieux ouverts qui sinon finiraient par êtres colonisés par des arbustes puis des arbres (des pins puis différentes espèces de chênes en Méditerranée). Le pâturage des troupeaux de moutons en plein air est donc, avec le feu qui peut aussi révouvrir des clairières, un acteur majeur de la biodiversité.